JOUER C’EST BON POUR SA SANTÉ !

On le sait bien…
Il est communément admis, relayé, accepté par tous que le jeu est bon pour la santé du bébé et de l’enfant. Il fait partie des conditions nécessaires à son développement, son épanouissement, son accomplissement de petit d’homme. 
Et pourtant…
Des chercheurs observent un déclin du temps de jeu libre depuis les années 50, pour atteindre 6% de leur temps… alors qu’il demeure un pilier  de leur développement social, psychique, cognitif, physique… en un mot : DE LEUR SANTÉ !

Lors de ces dernières années, le jeu de l’enfant  est de plus en plus réduit à un jeu rigide pensé par des adultes. Il est alors synonyme de stimulations sonores, visuelles, éducatives , imposées de plus en plus tôt et de façon parfois exclusive. Ces multitudes d’activités structurées, encadrées occupent une proportion de temps parfois importante comparé au temps d’éveil global du bébé ou de l’enfant. Elles sont bien sûr sources d’apprentissage mais ne peuvent en aucun cas remplacer des temps de jeu libre actif.

Oui, un enfant a aussi besoin de temps de jeu qui soit auto-initié, selon ses envies, ses centres d’intérêt. Un jeu régulé par l’enfant qui décide de ses règles, de sa durée, des objets mobilisant ses capacités cognitives, communicationnelles, physiques et psychiques ! Ce jeu libre actif constitue alors le terreau, les fondations du passage des apprentissages (ce que l’on apprend) aux savoirs (ce que l’on utilise). C’est pourquoi offrir du jeu libre aux enfants, c’est répondre à leurs besoins singuliers, spécifiques, d’exploration, d’expérimentation, d’organisation, de compréhension, d’élaboration qui dépassent très largement l’acte d’apprendre, cible de nombreuses activités dirigées certes nécessaires, mais non suffisantes.

Ce recours encouragé aux activités dirigées est particulièrement amplifié ces dernières années avec l’émergence de l’hyper-encadrement c’est-à-dire cette perception que l’on a de toujours avoir besoin d’intervenir dans le développement de l’enfant pour qu’il puisse apprendre. Cela revient à compartimenter l’enfant dans ses apprentissages formels en laissant pour compte son imagination, sa créativité qui sont l’expression de sa personnalité, de sa singularité caractéristique de l’être humain. Parallèlement, une hyper sécurité (surtout en milieu urbain) coupe l’enfant de son environnement naturel en le privant ainsi d’exercice physique (sauter, faire du vélo, courir…), mais aussi en limitant ses échanges, ses relations sociales avec d’autres enfants, d’autres adultes. Le déclin du jeu libre est corrélé à l’anxiété, au stress. En jouant librement et activement, un bébé ,un enfant comprend qu’il peut se développer en dehors de nous et à côté de nous mais cela suppose que nous soyons prêts à redonner à l’enfant sa place d’enfant. sans projeter sur lui des préoccupations d’adulte.

Alors quelle est notre place d’adulte ?

Pascale Gustin, psychologue, caractérise le rôle de l’adulte comme étant celui qui délimite un terrain de jeu. Par sa présence, il balise les espaces de liberté de l’enfant à savoir : l’espace, l’espace temps , sa sécurité. Il ne doit pas intervenir, sauf s’il est sollicité, invité par l’enfant. Il répond, assure une présence, une contenance qui permet à l’enfant de déployer son jeu qu’il pourra déporter dans un lieu choisi seul. Sophie Marinopoulos, quant à elle, nous rappelle que cette place évolue au fur et à mesure. Il va essentiellement permettre un espace contenant mais aussi une rencontre du plaisir partagé et de l’émerveillement. Quand l’enfant est moteur il va « quitter » l’adulte pour s’intéresser au monde car il a quelque chose d’autre en tête mais pour ça il faut qu’il y soit autorisé et encouragé…

Alors, offrons à l’enfant un terrain de jeu qui lui soit propre pour qu’il puisse  «jouer» sa vie … en bonne santé !

Un article de Carole Vanhoutte, cofondatrice de l’Association Joue Pense Parle