Alors que la vie quotidienne reprend tout doucement ses droits, nous avons envie de vous rendre hommage, à vous les (autres) héros de l’ombre : les parents !
Il y a 3 mois – il y a un siècle – vos plannings étaient bien remplis et bien rythmés : école, activités sportives, courses, danse, musique, anniversaires, préparation des repas, courses, devoirs…tout cela en plus du travail, bien évidemment. On ne s’ennuie pas quand on a des enfants, on ne vous l’apprend pas !
Le virus planait déjà, il avait fallu commencer à expliquer aux enfants les mots virus et microbe, ces ennemis méchants mais invisibles.
Premier choc : 12 mars, notre président annonce la fermeture de toutes les écoles. Personne n’a jamais vécu ça, il va falloir s’organiser. Et sans les grands-parents, qui doivent être protégés en premier lieu.
Une drôle de période commence…
L’autre est un danger, je suis un danger pour l’autre. Plus question d’approcher qui que ce soit.
Deuxième choc : 17 mars le confinement strict doit être observé.
Vous voilà, parents, en une semaine, un peu assommés, obligés de faire face, seuls, dans vos foyers à un mode de vie surréaliste, et à l’expliquer à vos enfants : plus d’école, plus de sport, plus d’anniversaires, plus de musique… mais -pour beaucoup d’entre vous- du télétravail, et pour certains, carrément la bataille en première ligne : soignants, métiers de l’alimentaire, éboueurs, postiers, policiers…
Vous êtes devenus enseignants à domicile, coachs sportifs de salon, inventeurs d’histoires, animateurs de centres de loisirs, restaurateurs à domicile. Il a fallu occuper, rassurer, expliquer, donner un semblant de sens à cette drôle de vie, sous un soleil radieux dont on ne pouvait pas vraiment profiter, ou en remplissant un papier ! Une fois dehors, les visages sont devenus dissimulés à moitié, donnant une impression d’étrange ressemblance à des visages sans sourires…
Comment les enfants ont-ils ressenti ces changements brutaux ? Quelles traces garderont-ils de cette peur impalpable, mais présente partout ? Un passant qui s’écarte de vous, des mains frictionnées de gel plusieurs fois par heure. Comment les bébés, accrochés à la moindre de nos mimiques ont-ils pu percevoir le langage dans toutes ses dimensions ?
Nous sommes une association dont l’objectif principal est de promouvoir le jeu libre chez les bébés et les enfants. Entendez par « jeu libre » du jeu avec 3 fois rien, des bouts de ficelle, du carton, du papier, des cailloux, et autres petits trésors sans valeur apparente. Du jeu où l’objet devient ce que l’enfant invente.
Le jeu n’est jamais confiné, lui !
Le jeu existe partout où l’imagination fonctionne.
Là où il y a du jeu, il y a des échanges, du langage !
Et au moins cette fois, il y a eu du temps pour jouer !
Vous avez été très nombreux à suivre nos suggestions de jeu et nos petits challenges : des livres qui deviennent des escaliers, des lapins en papier, des personnages en yaourts, des toupies en boites de camembert, des parcours d’aventure avec 3 coussins et 2 chaises à côté du canapé, des dominos et Kapla© qui tombent en cascade…nous en avons vu passer des chefs d’œuvre et des heures de jeu partagé !
Bravo !
Ah oui… vous nous attendez sans doute sur le sujet de la surexposition aux écrans.
Bien sûr qu’il y a eu une surconsommation d’écrans en tout genre : travail et divertissement.
Mais comme à notre habitude, nous ne donnerons aucune leçon de morale !
Nous pensons que cette période de privation de contacts humains nous aura aussi donné à tous des arguments sur les limites des objets technologiques, qui par ailleurs nous ont rendu de fiers services. Nous mesurons peut-être plus que jamais tout ce qui nous a cruellement manqué pendant cette période d’hyperconnexion à nos petites machines : les regards, les échanges, les relations sociales, la famille, les voix humaines, les câlins, les embrassades.
Nous continuerons à être à vos côtés, en reprenant nos habitudes du « mercredi, on joue avec 3 fois rien » et, progressivement, nos actions de prévention et d’accompagnement à la parentalité sur le terrain.
A votre rencontre, pour vous le dire, de vive voix cette fois :
« Parents, vous êtes formidables ! »
Elsa Job-Pigeard
Pour « joue pense parle »